Page 5 - Huilerie de Lapalisse depuis 1898

L’Huilerie de Lapalisse a été fondée en 1898 par votre arrière grand-père Abel Paillard. A 50 ans, vous êtes la quatrième génération à la tête de l’entreprise, est ce une erté ou un héritage lourd à porter ?
Philippe Chervier : Oui, on est forcément er de faire parti de cette lignée d’entrepreneurs, mais on se rend rapidement compte du poids de cet héritage. Je ne peux ignorer les e orts des générations précédentes, tous ceux qui ont bati cette entreprise, Abel Paillard, Anne Marie Chervier (née Paillard), Abel Chervier, Pierre Chervier. Les sacri ces endurés, les di cultés rencon- trées, les transformations complexes et sévères pour passer des deux personnes à l’origine aux 45 qui aujourd’hui travaillent ici.
Pour moi, il s’agit d’un véritable challenge, préserver les acquis et faire perdurer l’huilerie.
Vous célébrez les 120 ans de l’entreprise. Qu’elle a été et qu’elle est la philosophie de l’huilerie pour être devenue une référence dans la production des huiles végétales en France ?
Philippe Chervier : Même si les époques sont di érentes, sans doute parce qu’ii s’agit d’une entreprise familiale, on nous a toujours
transmis que seule la vérité
compte. C’est-à-dire qu’il ne
faut pas se mentir, qu’il ne
faut pas mentir, tant dans le
management des hommes
que dans le respect de la
qualité du produit. Vous
savez, o rir la qualité a tou-
jours facilité le commerce.
Surtout, il faut le faire avec
humilité, et simplicité. C’est
sans aucun doute pour cela
que nous sommes toujours
présents 120 ans après, et
que la famille dirige encore cette entreprise.
Qui dit Huilerie de Lapalisse, dit huile de noix ! Cela reste votre référence artisanale. Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur vos productions actuelles ?
Philippe Chervier : Lorsque mon arrière-grand-père a créé l’huilerie, on dénombrait une importante population de noyers en Auvergne, sans oublier la culture du colza. Nous avons donc pro té de cet approvisionnement lo- cal. Il faut aussi remarquer que l’essence de ces noyers auvergnats a toujours produit une noix au goût particu- lier et vraiment excellente. Nous produisons toujours de l’huile noix, on ne se refait pas, on produit aussi des huiles de noisettes, d’amandes, de cacahuètes, de sésame... la production actuelle se décline en bio avec le colza, le tournesol....
Et si on évoquait l’avenir, les marchés se sont diversi és et la demande est sans cesse gran- dissante. Quelles seront vos grandes lignes de
développement pour le futur ? Nouveaux produits ? Nouveaux marchés ?
Philippe Chervier : Depuis quatre ans, j’ai souhaité recentrer la production vers les gammes tradition- nelles et biologiques. Nous sommes en permanence à l’écoute du consommateur, les demandes évoluent, et nous nous devons d’être réactif tant dans la produc- tion que dans la création de nouvelles huiles. Pour une entreprise à taille humaine, c’est un véritable challenge
au quotidien.
Il y a un autre projet qui me tient à coeur. L’huilerie par-
ticipe à la création d’une nouvelle lière. Une approche coopérative pour un meilleur approvisionnement en graines a n de sécuriser les lières courtes, et ainsi de certi er une origine, un terroir.
Depuis plus un siècle, votre famille a su, sans concession, conserver l’indépendance de l’Huile- rie, diriez vous aujourd’hui que « Garder son iden- tité est une force » ?
Philippe Chervier : Certainement, je suis persuadé que le fait de travailler dans une entreprise familiale facilite les relations humaines. Je l’ai vite compris en observant mon père. Il y avait chez lui cette proximité et ce respect avec les employés., ils étaient comme les membres de sa famille.
Ce côté humaniste est et sera toujours le l directeur de l’huilerie. Tout est plus simple, on se comprend, on est plus réactif, et cet aspect familial est un véritable enri- chissement au quotidien. J’en suis intimement persuadé. C’est la véritable identité de l’huilerie, et là, est aussi sa force.
“Garder son identité est une force”
5 CENT20 MAGAZINE